Mgr Stanislas JEZ
10 sept. 2023
Je connais peu de gens capables de réussir ce que Jésus nous demande « Si ton frère a péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute ».
Je connais peu de gens capables de réussir ce que Jésus nous demande « Si ton frère a péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute ».
On parle, oui on parle, mais souvent, dans le dos des gens. La petite brune, vous êtes au courant ? Celui-là, vous connaissez ses aventures et cette pipelette du village, etc..
Jésus nous demande d’être astucieux et pleins d’amour ; » montre lui sa faute, reprends le doucement, seul à seul), s’il t’écoute, tu l’auras gagné » (dans notre jargon nous appelons ça « correction fraternelle »)
Le gagner ! Pour bien comprendre ce mot, il faut penser au cri du père de l’enfant prodigue : »Mon fils était perdu et il est retrouvé ! »
Quand on parle à un coupable avec ces sentiments on a quelque chance de le gagner.
Et non en le guerroyant ! Faire des remontrances, ça nous arrive souvent, mais peut-être n’avons-nous pas assez réalisé qu’il s’agit là d’un acte d’Evangile qui exige donc un cœur, un cœur évangélique.
Le prophète Ezéchiel nous rappelle que souvent dans le péché qui se répand et qui entraîne dans la mort, il y a une responsabilité partagée ?
Qu’est ce qui fourmille dans mon cœur au moment où je m’apprêté à faire des reproches ?
Trouverons-nous le ton pour lui dire : c’est aussi mon problème. Je ne peux pas rester indifférent. Laisse tomber mes maladresses, écoute seulement mon souci de toi ! Je t’aime !
Jésus nous demande de rester dans l’amour, même quand c’est difficile. Sinon qu’est ce que cela veut dire : aimer ?
Nous devrons peut-être encaisser des choses très dures. Tous les parents et tous les responsables le disent : » maintenant, dès qu’on risque une remarque, on se fait attaquer
: Tu parles, mais tu a pratique toi, ta morale !!! »
Essayer l’humour (si on peut) « Tu as raison. Je vois ta paille et pas ma poutre. Mais, parlons quand même de ta paille !
Si l’on doit prévenir, ce n’est pas seulement par devoir, mais d’abord par amour, à l’image de Dieu !!
Comme le Saint Curé d’Ars qui pleurait en avertissant sur les conduites mauvaises.
Il était tellement peiné de voir tant de vies abimées. Ainsi il montrait, tout naturellement, combien il aimait ses paroissiens.
C’est d’ailleurs cet amour qu’il leur témoignait qui a poussé beaucoup d’entre eux à changer leur comportement.
Nous sommes tous les témoins du péché de ceux qui nous entourent et nous en souffrons.
Nous le voyons parfois mieux que notre propre péché.
Rappelons-nous encore la parabole de la poutre et de la paille dans l’œil de notre frère, sœur et le nôtre.
Si nous aimons vraiment notre prochain, il nous faut lui révéler son péché.
La correction fraternelle le demande comme le rappelle Mathieu dans l’Evangile !!
Ce lien de l’amour fraternel qui prend sa source dans l’amour de Dieu pour nous, contribue à défaire le lien du péché.
Car le seul lien destiné à demeurer dans le ciel, c’est bien celui de l’amour.
Nous le savons par expérience, le combat contre le péché est souvent rude, et les dix commandements, paroles de vie que cite St Paul, nous ide à en prendre conscience.
Il est cependant une expression forte de la loi : »Tu aimeras ton prochain comme toitmême… »L’accomplissement de la loi, c’est l’amour !!
Voilà donc, vous en conviendrez chers frères et sœurs, une manière d’aimer qui peut apparaître assez originale dans notre société !
Nous sommes en effet plus enclins à nous accommoder du péché qu’à le révéler, à le justifier qu’à le combattre, à le trouver naturel qu’à le rejeter. C’est d’autant plus difficile quand on confond la vérité et le mensonge, le bien et le mal !...
Pourtant dénoncer et renoncer au péché est le devoir de chaque disciple du Christ et de la communauté chrétienne.
Nous pouvons penser aux comportements qui touchent notre vie personnelle mais n’oublions pas ceux qui touchent la vie communautaire ; l’économie et le pouvoir anormal de l’argent, le pouvoir politique et parfois l’oubli du service de la cité, l’absence de partage, la famille et l’ignorance de la solitude !
Voilà le contexte dans lequel le Seigneur fait de toi un guetteur pour la maison d’Israël.