Mgr Stanislas JEZ
Ce texte vieux de 2 000 ans, d'une brûlante actualité, a été écrit pour moi
26ème DIMANCHE ORDINAIRE ©
LA FERTE IMBAULT 2022
Ce qui est merveilleux dans l’Evangile disait quelqu’un, c’est que j’ai toujours l’impression que ce texte, vieux de 2 000 ans, a été écrit exactement pour moi !
On pourrait dire, dans le même ordre d’idées, qu’il a été écrit exactement pour notre siècle.
Toujours neuf, toujours opportun, toujours juste non seulement il n’a pas pris une ride, mais il a le chic pour souvent « taper dans le mille ! » pour éclairer ou… déranger, le PDG comme le commerçant, l’étudiant comme le vieillard, le politicien comme le soldat, le banquier comme le paysan.
L’Evangile d’aujourd’hui est bien, comme tant d’autres, d’une criante opportunité, on le croirait écrit pour cette fin de siècle.
N’appartenons-nous pas en effet à un monde où se réédite la terrible fossé qui sépare dans la parabole, l’homme pauvre de l’homme riche ?
Regardez la scène évoquée par cette saisissante parabole :
Le riche est bien campé, il est chez lui, à table, confortablement installé dans son fauteuil.
Le pauvre est à terre, SDF, chez un autre, essayant de se faire tout petit.
Le riche est devant une table bien garnie. Au menu : foi gras et Sauternes, magret de canard aux petits légumes, charlotte aux poires dans son coulis de framboises !
Le pauvre essaie de voler quelques reliefs que le maître tend négligemment à son chien, sous la table.
Deux mondes totalement séparés, totalement différents. Entre eux, un abime plus grand encore qu’entre les torchons et les serviettes.
Et pourtant le riche n’est pas totalement un mauvais bougre ! On a vu pire dans le genre ! Il ne chasse pas Lazare à coups de pieds. Il n’appelle pas la police. Il aura même, quand il sera mort, un réel souci de ses frères restés sur terre.
Et pourtant on parle bien du mauvais riche, ce qui, soit dit en passant, laisse entendre qu’il doit exister de bons riches. S(Jésus ne condamne pas le riche, parce qu’il est riche, mais parce qu’il est égoïste !)
Il est un mauvais riche parce qu’en fait il n’a pas vu, il n’a pas vu ou il n’a pas voulu voir la misère de Lazare.
On ne dit pas assez qu’aimer c’est voir.
Le comble, dans la parabole, c’est le chien qui voit le pauvre puisqu’il lui lèche les plaies !!
Aimer, c’est voir. Les richesses en particulier ont ce don de rendre indifférent à la misère d’autrui.
Terrible fossé d’incompréhension qui, dans la parabole, semble devoir se continuer dans l’éternité, avec cette fois, un inversement brutal des situations !
Le pauvre est dans la joie de Dieu, le riche rongé par le feu du regret et entre eux deux un nouvel abime, un fossé quasiment infranchissable.
Ce fossé n’a pas été creusé par Dieu, mais par l’égoïsme de l’homme. Il est creusé dés ici bas et il entre avec nous dans l’éternité.
Les » Lazare » et les mauvais riches sont parmi nous.
Aujourd’hui ils ne sont pas seulement à l’échelle d’un pays mais à l’échelle mondiale.
- Fossé entre ceux qui gagnent toujours plus et ceux qui gagnent toujours moins.
- Fossé qui risque de s’accroître dangereusement entre ceux qui travaillent et ceux qui sont au chômage.
- Fossé entre ceux qui ont la chance d’avoir une culture, des connaissances intellectuelles valorisantes et ceux qui sont souvent analphabètes et soumis aux pressions des sous produites de vidéos débiles ou de la danse musique !
- Fossé aussi au plan religieux avec, d’un coté une élite de chrétiens très minoritaires mais convaincue, généreuse, avide de formation et de spiritualité et une masse grandissante de tranquilles indifférents, qui désertent les églises et qui n’en ont absolument rien à faire de Dieu et de la Foi !
Ecoutons les conseils du riche de l’Evangile, qui nous crie : » Ne faites pas comme moi ! Dans votre court passage sur la terre vous fabriquez votre éternité. Des fautes vous en ferez toujours mais n’oubliez pas : »l’aumône couvre une multitude de péchés » dit la Bible. Alors, si vous n’êtes pas spontanément généreux, du moins pensez un peu à vous, à vote avenir éternel ! »