Mgr Stanislas JEZ
20 oct. 2024
Jesus vient habiter notre souffrance
La Ferté Imbault 2024
En Pologne on connaissait bien le Père Joseph Tischner, aumônier de Solidarnosz et aussi de l’association des montagnards. C’était un philosophe et un bon prédicateur.
Sa belle voix et son sens de l’humour faisaient merveille auprès de ceux qui l’écoutaient. Les dernières années de sa vie, alors qu’il luttait contre un cancer de la gorge et il a dit à son ami » j’aimais tant me promener dans la montagne et Dieu m’a privé de cette possibilité.
J’aimais parler et Dieu m’a enlevé cette possibilité à cause de mon cancer de la gorge
Maintenant, Il peut tout prendre car je lui ai tout donné ».
Nous avons vu la même situation, si vous vous en souvenez bien avec le Pape Jean Paul II à la fin de sa vie ! Une fin de vie sanctifiée par la souffrance.
Hier j’étais à Paris pour écouter des conférences sur le Père Jerzy Popielusko, jeune martyr de la Foi, sa devise était « Vaincre le mal par le bien »
En aout 1980 pendant la grève de solidarité, aux aciéries de Varsovie, le Père Jerzy Popielusko devient, à la demande des sidérurgistes et par nomination du Primat Wyszinski, aumônier des ouvriers. Il s’engage à fond dans la pastorale des travailleurs et accompagne le syndicat Solidarité pendant l’état de guerre. A partir de janvier 1982, le dernier dimanche de chaque mois, le Père Jerzy Popielusko a célébré des messes à l’intention de sa patrie. Ces messes regroupaient des milliers de fidèles venant de Varsovie et de différentes régions de Pologne, devant des hommes à la recherche de la vérité, de liberté et de justice, assoiffés d’amour et de paix.
Le 19 octobre 1984, le Père Jerzy Popielusko a été attaqué alors qu’il revenait en voiture de son service pastoral à Bydgoszcz. Torturé, il a ensuite été jeté dans la Vistule, près de la ville de Wloclawek.
Comme l’a dit le Pape Benoit XVI, lors de l’Angelus du 6 juin 2010 « son ministère zélé et son martyre ont été un signe éloquent de la victoire du bien sur le mal…
Le Père Jerzy a exercé son ministère généreux et courageux aux côtés de ceux qui s’engageaient pour la liberté, pour la défense de la vie et sa dignité. Son œuvre au service du bien et de la vérité était un signe de contradiction pour le régime qui gouvernait alors en Pologne. C’est l’amour du cœur du Christ qui l’a conduit à donner sa vie, et son témoignage a été la semence d’un nouveau printemps dans l’Eglise et dans la société (Benoit XI Angelus du 13 juin 2010)
Le Père Jerzy, cruellement massacré en 1984, est considéré comme le protecteur spirituel du monde du travail polonais (JP II au corps diplomatique le 8 juin 1991.
Quand nous entendons quelqu’un souffrir, ou si nous sommes témoins de souffrances ou que nous même nous souffrions, nous nous posons ces questions :
Pourquoi depuis le début de l’humanité un fleuve de souffrances et de larmes nous touche et nous touche toujours ?
Pourquoi la souffrance des petits enfants ?
Pourquoi, comme dans les exemples précédents, Dieu nous reprend, dans la souffrance, ce que nous aimons le plus ?
Depuis toujours, les gens se posent ces questions
Avant Jésus Christ, les grecs et les romains donnaient souvent des réponses dramatiques, relatées dans les œuvres mythologiques.
Les réponses du monde contemporain sont aussi faibles qu’elles soient apportées par des philosophes ou des jeunes.
Nous, en tant que chrétiens, nous pouvons répondre, au moins en partie, car la souffrance est un mystère.
Et, ni la technique, ni la science ne sont aptes à résoudre ce problème ou à supprimer la souffrance ;
La souffrance déstabilise l’harmonie dans le monde et dans l’homme.
Alors il a dû se produire un évènement dramatique dans l’histoire de l’humanité qui a provoqué et introduit la souffrance
Cet évènement, nous explique la Bible, c’est le péché originel. Avec le péché, la mort est entrée dans notre histoire.
Dieu n’a pas empêché la désobéissance de nos premiers parents qui voulaient prendre la place de Dieu. Il a respecté leur liberté.
La révélation divine nous enseigne que le Créateur n’a pas laissé l’humanité dans une situation tragique et qu’il a planifié une solution pour nous sauver de la mort éternelle par son Fils.
Jésus a résolu le problème du mal par sa croix.
Il n’a pas changé notre nature humaine, mais, par l’incarnation, Il a pris notre nature avec la souffrance, et Il l’a transcendée, en lui donnant le sens et la valeur rédemptrice.
A partir de ce moment, Dieu regarde notre souffrance à travers la passion et la mort de son Fils.
Comme l’enseigne Saint Paul, en unissant nos souffrances à celles du Christ Jésus, nous les ajoutons au calice de la souffrance de Jésus pour le salut du monde :
Jésus soulève le problème de la souffrance dans l’Evangile d’aujourd’hui. Pour servir les autres il faut aller même jusqu’à donner sa vie en souffrant et en aidant ceux qui souffrent.
Quand il rendait visite aux malades, Jean Paul II leur disait : « humainement, vous êtes faibles, malades, mais en réalité vous êtes forts et grande est votre puissance, à la suite de Jésus crucifié.
Votre force consiste dans votre ressemblance avec lui.
Essayez de profiter de cette force pour le bien de l’Eglise, de vos proches, de vos familles, pour votre patrie et aussi en vous offrant pour le Saint Père qui a de grands pouvoirs mais reste faible. »
Dans la poche d’un soldat, on a trouvé cette prière : » J’ai prié pour ma santé, pour que je puisse faire de grandes choses. J’ai reçu une santé fragile pour que je fasse de bonnes choses.
J’ai demandé la richesse pour être heureux, j’ai reçu la pauvreté pour devenir plus sage
J’ai demandé la force pour que les gens m’admirent et me louent, j’ai reçu la faiblesse pour sentir que Dieu est toujours nécessaire (auprès de moi)
J’ai prié pour beaucoup de choses, pour remplir ma vie avec ces choses. J’ai reçu la vie pour me contenter de ces choses-là.
Je n’ai rien reçu de ce que j’ai demandé, mais j’ai reçu tout ce qui m’était nécessaire !
Une chose est sure : sans Jésus la croix écrase l’homme, avec Jésus elle le sauve
Amen