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NUIT DE NOEL

Mgr Stanislas JEZ

24 déc. 2024

Le rendez-vous de Dieu et de l’Homme.

Dans un stalag situé en Allemagne, les prisonniers demandent un jour à Jean Paul Sartre de leur écrire une petite pièce pour Noël. Bien qu’étant un athée affiché, Sartre accéda aux vœux de ses compagnons d’infortune et il fit dire à l’un de ses personnages cette phrase étonnante et merveilleuse : » Oui, si Dieu avait accepté réellement de se faire homme, de se faire puceron avec les pucerons que nous sommes, oui, s’il avait fait ça, Dieu, alors nous n’aurions pas assez de toute notre vie pour lui témoigner notre reconnaissance.
Pourquoi faut-il que ce soit un non chrétien qui ressente le choc évident en face de ce formidable mystère de l’Incarnation ?
Ne sommes-nous pas trop habitués à entendre parler du « Dieu-fait-homme » au point de trouver naturellement cette demande époustouflante d’un Dieu infini qui accepte de s’anéantir et de devenir
cet être fragile que nous sommes

Le Verbe s’est fait chair ! Dieu s’est fait bébé !
Voilà de quoi déconcerter les plus grands philosophes. Pour admettre une telle énormité, il faut croire d’abord à l’amour qui seul peut expliquer l’inexplicable.
Noël, il est vrai, est essentiellement une démarche de l’amour. C’est d’abord et avant tout un rendez vous d’amour que Dieu a proposé à l’homme.


- Noël c’est le silence
- Noël c’est le mystère
- Noël c’est la paix
Au cœur du silence, dans un refuge pour animaux, en pleine campagne, loin des lumières de habitations des hommes !
Dieu vient visiter la planète Terre. Il aurait pu attendre vingt siècles de plus : Il n’en était pas à 2000 ans près ! Il serait venu à l’époque de la télé. Vous voyez, la naissance de Son Fils, diffusée sur quinze chaines, en mondovision et rediffusée à une heure de grande écoute !!! mais les reporters l’auraient Ils seulement trouvé dans ce refuge pour les bêtes. Ne l’auraient-ils pas cherché partout sauf à cet endroit ?
Oui ! quelle erreur de marketing ! Dieu est-Il pauvre au point de se priver d’un grand impresario ?
Et nous - avons-nous le droit de briser, de rompre le silence de cette nuit ?
Contempler dans le calme, méditer comme Marie : le Verbe, la Parole de Dieu s’est incarnée mais c’est seulement dans le silence qu’on peut l’entendre.
Ceux qui, en ce Noël, seront gratifiés des grâces de cette fête, ce sont ceux qui viendront devant la crèche, se taire et contempler.
Noël, c’est le silence qui vient à la rencontre de la discrétion de Dieu
Noël, c’est le mystère.
Ce silence nous invite à entrer dans le grand mystère de l’Incarnation. Pas de doutes, il y a un infini à découvrir, il y a à découvrir le monde du divin.
Noël, c’est le mystère le plus fabuleux, qu’aucun romancier n’ait pu imaginer.
Tandis qu’à Rome César se fait Dieu, à Bethléem, Dieu se fait homme.
Ce Dieu nous déconcerte, c’est un Dieu qui fait problème. Oui, pourquoi le Verbe, la Parole, éprouve-t ’il le besoin de babiller dans un berceau ?
Pourquoi le Puissant qui porte les mondes se fait-il si fragile dans les bras d’une si jeune femme ?
Pourquoi le Fils de Dieu est-il « sur la paille » dans toute la réalité de l’expression » ?
Et viennent alors à l’esprit les grandes questions : pourquoi ce déplacement, avec si peu d’apparat, parmi les hommes ? Comment comprendre cette folie d’un Dieu qui se fait bébé ?
Mais qui sommes-nous donc, Seigneur, pour que tu Te sois fait homme ?
Et nous pouvons reprendre le problème sous toutes ses coutures, une seule explication s ‘impose : Noël est chargé, sous les traits d’un enfant, de révéler l’amour de Dieu.
Noël, c’est le mystère, le grand mystère de l’amour fou de Dieu.
Noël, c’est la paix !!!
Et voilà que devant cette crèche, devant ce Dieu si fragile, disons, si désarmé et à la merci de la méchanceté des hommes, nous sentons monter en nos cœurs, un immense désir de paix.
Il ne vient pas en triomphateur, mais il a pris le visage d’un enfant sans défense. Qui aurait assez d’impudence pour lui faire du mal ? Ce qui rend odieux les assassins d’enfants, c’est justement qu’ils s’attaquent à la faiblesse alors que la faiblesse est un appel à l’amour et à la protection.
Devant la crèche méditée, le cœur devient meilleur comme dans la pastorale des santons de Provence où tout à coup le meunier devient courageux au travail, le gendarme remballe son carnet de PV et Mireille dit à son amoureux, au lieu que tu m’enlèves, allons plutôt voir ce petit.
Devant la crèche méditée, on sent monter en son cœur une grande envie de pardonner es haines s’apaisent devant la petite frimousse de ce bébé qu’Isaïe a appelé le prince de la Paix, l’homme reçoit la grâce délicate de la paix du cœur
Chaque Messe est un noël, une visite de Jésus. L’Eucharistie n’est elle pas aussi Dieu qui se fait silencieux. Dieu qui se donne dans un geste fou d’amour. Dieu qui vient mettre la paix entre tous ceux qui mangent à la même table !
Puissions-nous trouver en ces célébrations, ce recueillement profond qui permet d’entrer dans l’ineffable mystère du premier Noël de tous les temps

©2021 Association Maison de la Miséricorde Divine

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